« Je pense que les seuls qui croyaient que l'on pouvait gagner à Aimé- Giral sont dans ce vestiaire » disait, au sortir de la douche, le centre jean Emmanuel Cassin.
Il n'avait pas tout à fait tort, ni tout à fait raison. Ainsi va la vie, loin des affirmations abruptes et plus dans les nuances qui représentent mieux la réalité.
Jean-Louis, le plus grand des séducteurs du car des Ultras, disait: « Je n'arrêtais pas de le dire dans la semaine. Cela faisait rigoler tout le monde. Je vais revoir mes amis restés à Montauban avec une autre considération. Moi, j'y étais. » Gérard, la voie cassée, était dans l'analyse, pris par l'émotion: « Je suis heureux. Quel exploit! »
Mamie Renée, grande vedette de la télévision du Club des supporters, avait le sourire à la sortie des vestiaires en attendant ses héros d'un soir pour leur arracher un sourire, une bise, où une explication du bonheur simple partagé par des gens qui se reconnaissent dans une même communauté, celle de l'uniforme vert et noir.
Il y avait 12 005 spectateurs dans les tribunes d'Aimé- Giral, au moment du coup d'envoi. « Les Usap, Usap ! » dans ce stade quasi fermé, prenaient une impression de puissance propre à galvaniser les joueurs sang et or.
Il suffit que quelques plaquages d'une terrible efficacité, montrant que le quinze de Marc Raynaud était bien en place, pour que les « Sapiac, Sapiac ! » des quelques petites centaines de Tarn -et- Garonnais parviennent à raisonner au firmament de cette soirée brumeuse en plein pays catalan. La machine à gagner était enclenchée.
Sylvie, Chantal , dans une tribune, pouvaient se donner des coups d'épaules de satisfaction, alors que dans l'autre tribune Patrick, Frédéric et « Biquet » n'en croyaient plus leurs yeux: « Montauban peut gagner à Aimé-Giral ! » Quelques minutes plus tard, le conditionnel se conjuguait au présent. Il ne restait plus qu'à partager le verre avec quelques supporters catalans, avant de reprendre les cars et rentrer sur Montauban en chantant tout autre chose que: « Lorsque Montauban s'en vient jouer à Perpignan... » Le MTG XV est capable de faire mentir la chanson.
Pas si facile. Il n'y a plus de certitude absolue, mon bon monsieur. C'est la vie.
R -C. Belrepayre