L'autre leader
Baptiste GAY
Les joueurs montalbanais ne peuvent y échapper. Même s'ils ne se penchent pas sur a presse qui fait le lit des propos de leurs coachs depuis le début de la saison. Même s'ils portent des boules Quies lors des discours d'avant matchs. Depuis le mois d'août dernier, ils ne peuvent échapper à l'objectif assigné au MTG XV : le maintien et rien que le maintien!
Ce leitmotiv s'affiche clairement face à la porté d'entrée de leur vestiaire par le biais d'un classement tronqué où n'apparaissent que six équipes: Montauban, Albi, Brive, Narbonne, Montpellier et Bayonne. Ainsi, même avec des œillères, les Vert et Noir sont obligés de constater qu'après dix-sept journées de Top 14 le Montauban Tarn-et-Garonne XV est leader de « son » championnat; celui définit par ses deux mentors, Laurent Travers et Laurent Labit. Derniers de la première classe ou premiers du second wagon avec trente-sept points au compteur, à égalité avec Agen aux septième et huitième placés, les Tarn et-Garonnais font fi de cette donnée. Au rang des bilans chiffrés, ce qui les intéresse bien plus, c'est de voir qu'à neuf journées de la fin, le maintien leur tend les bras. À six petits points si l'on se réfère aux saisons précédentes (pour le premier Top 14 de l'histoire en 2005-2006 Bayonne s'est maintenu avec 43 points alors qu'en 2004-2005 pour le dernier Top 16 Grenoble avait été le premier relégué avec 42 points).
,Le promu peut donc être légitimement satisfait des deux premiers tiers d'un championnat débuté tambour battant avec deux victoires, la première à domicile et la seconde à l'extérieur, face à deux concurrents directs, Narbonne et Bayonne.
Si le MTG XV n'avait pas subi un coup d'arrêt après sa victoire de prestige face au Stade français le 6 octobre dernier, en vivant mal la coupure du challenge européen et en enchaînant cinq défaites et un match nul de la onzième journée à la seizième journée, il pourrait même se permettre de lorgner un peu plus haut... Et de vanter une stratégie qui fait tout autant sa renommée que son classement. Celle d'une équipe qui ne fait pas d'impasse et qui propose du jeu.
DES HOMMES ET DU JEU Après dix sept journées, que ce soit à l'extérieur ou à domicile, Montauban n'a jamais plié par plus de treize points d'écart (c'était à Bourgoin, défaite 35 à 22, le 5 septembre), nous sommes loin des « cartons » encaissés ici et là par certains relégables. Un respect de l'esprit du jeu qui fut notamment récompensé par l'historique victoire des Tarn-et-Garonnais à Aimé-Giral le 30 septembre.
Une entreprise qui s'est appuyée sur une fine gestion de l'effectif de la part de Laurent Travers et Laurent Labit qui semblent, en deux saisons, être passés maîtres dans l'art de la psychologie appliquée aux rugbymen professionnels. C'est souvent à l'intersaison que se gagne une partie du championnat à venir. Les deux hommes l'ont bien compris qui mettent un point d'honneur à cibler leur recrutement tant sur les qualités humaines que sur les points forts techniques et tactiques dés joueurs qu'ils approchent.
En résultent d'excellentes pioches à l'exemple des Pablo Henn et Rowan Frost, respectivement troisième et quatrième au temps de jeu chez les avants, ou encore des Jean-Emmanuel Cassin et jean-Philippe Viard, deuxième et troisième des temps de jeu chez les trois-quarts. Le Côté « maquignon », au bon sens du terme, des deux « Lolo » vaut aussi pour les anciens joueurs du cru lorsqu'on voit avec quel bonheur les Jahouer, Raynaud et autre Rolland prennent leur pied sur un terrain. Sans parler des deux surprises du chef « Toto » Travers, les deux anciens castrais, Arganèse et Caballero, dont le talent, qui pointait déjà du nez en Pro D2, a éclaté au grand jour en Top 14.
Si le rugby reste avant tout une histoire d'hommes qui se regardent droit dans les yeux, à l'heure du professionnalisme, les qualités hormonales ne font plus tout. Avec de petits moyens mais une débauche de temps passé à la vidéo, Montauban a su rentabiliser l'apport des technologies. Pas loin d'être les rois du contre en touche, les Montalbanais ne sont pas restés arc-boutés sur les idées qu'ils développaient à l'étage inférieur. Si les phases de combat restent essentielles, les pensionnaires de la cuvette de Sapiac, portés par un public à nul autre pareil hormis celui de Jean-Dauger, ont su ajouter à leur panoplie une vitesse déroutante qui fait souvent mouche sur des constructions de jeu simples mais pour le moins déstabilisantes. A l'heure d'un Top 14 body-buildé, et que d'aucuns, par facilité, disent stéréotypé, Montauban joue de sa différence et cela lui va bien !
Le trois-quarts le plus utilisé : Sébastien Fauqué,1183 minutes
L'avant le plus utilisé : Yannick Caballero;1208 minutes
Le joueur le plus titularisé : Yannick Caballero; Jean Emmanuel Cassin, Sébastien Fauqué,15 titularisations
Nombre de cartons : 12 jaunes et 1 rouge
Joueurs les plus pénalisés : Rida Jahouer (1 rouge), Juan Bado (2 jaunes)