Rugby - Top 14 - Caballero à toute allureSi Montauban brille à nouveau cette saison et si le club est en passe de se qualifier pour la première fois pour la Coupe d'Europe, il le doit entre autre à Yannick Caballero, qui s'est imposé comme l'un des meilleurs flankers du Championnat. L'ancien Castrais a encore une fois été très bon contre Perpignan et il forme avec Ibrahim Diarra un duo redoutable et redouté. A cinq matches de la fin de saison, il espère que le MTG va réussir à conserver sa septième place, avant peut-être de s'envoler avec les Bleus en Australie. Histoire de couronner en beauté une saison quasi parfaite.
«Yannick Caballero, votre équipe a encore réalisé une grosse performance pour battre Perpignan. Comment avez-vous vécu cette rencontre ?
Déjà, nous voulions nous rattraper après le match qu'on avait fait à Dax (défaite 20-16). On savait que Perpignan allait venir avec l'envie de se qualifier pour les demi-finales, et en plus ils étaient sur une série de huit victoires. On savait que ça allait être très dur et que si on les regardait jouer, on allait perdre le match. On a décidé de mettre du jeu d'entrée et ça s'est bien passé. Après, on a eu un petit passage à vide en début de seconde mi-temps, mais on a réussi à remettre la main sur le ballon et avec un peu plus d'envie on a pu s'imposer.
Le MTG semble à l'aise contre les grosses écuries. Vous arrivez alors à élever votre niveau de jeu. Comment expliquez-vous cette aisance dans les gros matches ?
C'est vrai qu'on a l'impression qu'on se met plus facilement dans le match contre les grosses équipes que contre celles, entre guillemets, à niveau inférieur. Je ne sais pas d'où ça vient, on a un problème avec ça. Contre les grosses équipes, on arrive à se mobiliser, à se motiver pour jouer à fond, alors que face aux petites équipes, on peine à chaque fois à imposer notre jeu. Il faudra travailler la régularité.
Vous avez encore fait preuve d'une grosse solidarité pour venir à bout de l'USAP. L'état d'esprit, c'est aussi unes des forces de votre équipe ?
La force du MTG, ça a toujours été un gros collectif. On n'a pas de vedette dans l'équipe, quelqu'un qui peut sortir du lot et nous faire avancer, donc on se regroupe autour de notre collectif. On est une bande de copains et on veut se faire plaisir, se faire mal pour notre collègue. C'est notre force. En plus, avec le public qui nous pousse dans la cuvette de Sapiac, c'est formidable.
Montauban est bien accroché à la septième place. La Coupe d'Europe est maintenant un objectif avoué ?
En début de saison, notre principal objectif, c'était bien sûr le maintien. On a laissé quelques points en route, mais on l'a assuré très vite. Maintenant, bien sûr, on aimerait être européens, mais il reste cinq matches et ça va être difficile parce que ça revient fort derrière nous. On n'est pas à l'abri d'une mauvaise passe. Il faudra être mobilisé jusqu'à la fin pour garder cette place.
Le MTG fait encore une superbe saison et pourtant on ne parle pas trop du club dans les médias. Souffrez-vous de ce relatif anonymat ?
Peut-être que personne ne croit en nous, mais nous on croit en notre potentiel, en notre équipe. L'an dernier, on finit huitième pour notre première année en Top 14. Cette année, on confirme et j'espère que ça va durer. On ne parle pas trop de nous mais on n'en souffre pas, je ne pense pas. On fait notre petit bout de chemin, après adviendra ce qu'il adviendra.
Samedi, vous rencontrez Toulouse, la seule équipe à avoir gagné à Sapiac cette année, mais c'est peut-être le meilleur moment pour les prendre et faire un pas de plus vers l'Europe.
On ne sait pas trop quelle équipe ils vont mettre, mais de toute façon, c'est une très grosse équipe. Mais on va y aller pour gagner bien sûr et on va essayer d'imposer notre jeu, sans les regarder jouer. L'an dernier on avait fait un bon match à Toulouse (défaite 30-21), j'espère qu'on pourra rééditer cette performance, mais avec la victoire au bout.
DU BLEU DANS LA TÊTE...
Personnellement, vous avez franchi un cap et réalisez une saison pleine. Vous avez conscience des progrès réalisés ?
Je m'épanouis danc ce championnat, et dans cette équipe surtout. J'ai fait une bonne saison l'an dernier, cette année j'ai la chance de rééditer un peu la même saison. J'apprends, je progresse, je prends du plaisir dans cette équipe. On n'a pas peur d'envoyer du jeu, on n'est pas dans un schéma restreint et on se régale, j'espère que ça continuera. Moi ce qui me plait, ce sont les espaces, les initiatives personnelles, je n'aime pas le rugby programmé qui dit : toi tu vas là, toi tu vas là... Moi le rugby ouvert, ça me convient bien, on nous laisse beaucoup de liberté dans le jeu et pour l'instant ça marche.
Ce jeu de mouvement et d'initiatives, c'est aussi celui de l'équipe de France. On parle beaucoup de vous en coulisses pour la tournée en Australie. Vous y pensez ?
Oui, c'est vrai que ça me ferait plaisir. Les médias parlent beaucoup de moi et si j'ai la chance de pouvoir porter le maillot bleu, ce serait un grand plaisir et un grand honneur. C'est vrai que je serai déçu de ne pas faire la tournée, surtout qu'il n'y aura pas les demi-finalistes, donc la porte est un peu plus ouverte. Après ce sont les sélectionneurs qui font leurs choix. Ils ont un projet de jeu. S'ils me prennent, tant mieux, sinon, tant pis.
Vous avez des contacts avec eux ?
Non, non. Je les ai croisés, ils m'ont dit qu'ils me regardaient, moi et d'autres joueurs de l'équipe, mais on n'en a jamais vraiment parlé. On verra bien.»
Propos recueillis par Aymeric MARCHAL