XV DE FRANCE / DIDIER RETIERE :
« On fait d
u bricolage »
Malgré les deux défaites, Didier Retière tire quelques motifs de satisfaction de la tournée en Australie. L’entraîneur des avants français regrette surtout les incohérences du calendrier et la fatigue de ses joueurs.
Didier Retière, quel bilan tirez-vous de la tournée en Australie ?
Nous avons pu établir un bilan sur les joueurs que nous avions amenés. Cela nous a permis de voir qu’il y en avait encore quelques-uns qui étaient compétitifs tout de suite pour l’équipe de France et d’autres qui doivent encore travailler.
Quels sont les joueurs qui ont marqué des points ?
(Rires) C’est un peu délicat de le dire tout de suite. Tout le monde les a vus et je ne veux pas rentrer dans le détail. Il y a des satisfactions. C’est intéressant car nous avons un groupe de joueurs potentiels assez conséquent. C’est rassurant. Quand on a pris nos fonctions, on nous disait que de nombreux anciens allaient s’arrêter et qu’il n’y avait pas beaucoup de relève derrière. C’est le cas surtout sur les postes de la première ligne. On voit que petit à petit, des joueurs se profilent à l’horizon. Même s’il reste encore du travail pour certains.
Aviez-vous une certaine appréhension avant de débuter cette tournée sans les demi-finalistes ?
Bien sûr. Il y a forcément de l’appréhension, non pas par rapport au résultat car on savait que ça allait être compliqué mais cela concernait le comportement de l’équipe face à des Australiens qui se préparaient pour le Tri-Nations. On a essayé de faire du mieux possible sachant que les joueurs étaient tous un peu fatigués de leur saison. C’était l’inconnue que nous avions à résoudre.
« Certains ont commencé à se mettre en avant »
On a beaucoup parlé des jeunes mais certains joueurs plus expérimentés, comme Matthieu Lièvremont, ont bien tenu la baraque…
Oui, c’est vraiment à l’image de la vie du groupe lors de cette tournée. Il y a eu un vrai amalgame. Des jeunes ont débarqué aux côtés d’anciens plus expérimentés. Matthieu en a été un bon exemple.
Vous avez également apprécié le comportement de joueurs comme Sébastien Bruno…Oui, bien sûr. Il était une valeur sûre. Au regard de ses performances en club (ndlr : Sale) et en équipe de France, on savait bien qu’il allait être important. C’était bien de faire venir un joueur plus expérimenté pour encadrer le groupe.
Certains ont-ils modifié la hiérarchie que vous aviez en tête ?
Oui, il y en a quelques-uns. Mais il faut relativiser. Le début de saison sera important. Certains ont commencé à se mettre en avant mais je ne vous donnerai pas de noms ! (Rires)
Comment avez-vous vécu votre première tournée en compagnie de Marc Lièvremont et Emile Ntamack après avoir pris vos fonctions lors du Tournoi ?
Globalement, nous avons pris nos repères assez vite entre nous. On a l’avantage d’être quasiment toute l’année ensemble. On se voit quasiment toutes les semaines. Les relations sont vraiment naturelles. On va certainement se revoir dans le courant du mois ou au plus tard mi-août pour faire véritablement le débriefing et déjà commencer à préparer la tournée de novembre.
« C’est un peu désolant »
Comment vivez-vous le fait d’avoir encaissé la plus lourde défaite de l’histoire du XV de France contre l’Australie (40-10) lors du second test-match ?
On se rend compte que toutes les nations se préparent de plus en plus alors que nous, on a l’impression qu’on fait toujours un peu du bricolage. C’est un peu désolant. Même si on met beaucoup d’énergie dans ce que l’on fait, c’est bien difficile.
A quoi pensez-vous en particulier ?
Au calendrier et à la disponibilité des joueurs. Au mois de novembre, les Australiens partiront six semaines. C’est irréalisable pour nous. On est toujours en train de bricoler. Même si on a voulu élargir le groupe, nous sommes partis avec sept joueurs du Tournoi. On a le sentiment de repartir de zéro à chaque fois.
Bernard Laporte avait déjà le même discours…
Oui, Bernard a connu ça depuis huit ans alors que d’autres nations ont avancé. On a l’impression d’être encore à l’époque de Jean-Claude Skrela et que l’on se prépare toujours comme dans les années 1990.
Comment faut-il faire pour changer tout cela ?
Le calendrier international est négocié. Contrairement aux championnats et à la Coupe d’Europe, les matchs internationaux sont les seuls à ne pas avoir augmenté depuis 1995. Nous, on ne décide rien. On propose et on essaie de bien faire. Nous avons essayé d’ouvrir le dialogue avec les entraîneurs de club afin que l’équipe de France ne soit pas un problème de plus mais qu’elle puisse dynamiser les meilleurs joueurs et créer une dynamique. Il y a de la bonne volonté mais nous sommes tributaires des décisions politiques.