OSCAR DE LA SEMAINE

Raynaud: "Une revanche"

Très en vue lors de la victoire montalbanaise à Clermont samedi, l'ancien jaunard Marc Raynaud savoure sa revanche pour sa dernière au Michelin et il se réjouit des progrès effectués par le MTGXV depuis un mois.

Avec le recul, dans quel secteur pensez-vous avoir dominé Clermont ?

Marc Raynaud.- Nous nous étions bien préparés toute la semaine avec notamment une très bonne séance vidéo par rapport au match de Coupe d'Europe. Nous avions compris qu'il fallait bloquer Nalaga, Vermeulen et la charnière car ce sont eux qui imposent leur rythme. Nous avions donc bien préparé cette rencontre sur le plan tactique car notre stratégie s'est révélée être la bonne.

Montauban a su garder son calme pendant quatre-vingt minutes. Comment l'expliquez-vous ?

M. R.- Nous ne nous sommes jamais senti agressés sur le terrain. Nous avons toujours été concentrés car nous savions que nous pouvions gagner. Nous ne sommes jamais affolés, même après l'essai de Malzieu, car nous savions ce que nous devions faire.

Avez-vous le sentiment que le MTGXV est en train de franchir un cap ?

M. R.- Nous travaillons bien depuis un mois. Nous avons retrouvé notre jeu et nous sommes plus réguliers sur les bases comme la mêlée et la touche. Nous avons été piqués dans notre orgueil après des critiques et notamment quand certains ont dit que nos piliers avaient le niveau de fédérale. Le rugby, c'est surtout dans la tête. Tu peux être prêt physiquement mais si tu n'es pas au point dans ta tête, c'est sûr que tu vas ramasser. Mais depuis un mois, nous franchissons un cap.

L'ambiance dans le groupe semble formidable, est-ce la clé du succès montalbanais ?

M. R.- Montauban est une petit ville. Nous vivons avec les supporters et les joueurs ne se prennent pas la tête. Il n'y a pas tous les jours des caméras de télévision à l'entraînement. Chez les professionnels, on oublie vite que le rugby est un jeu de passion. Mais c'est important de manger et de boire quelques coups ensemble. Nous passons cinq jours de la semaine ensemble donc si on ne s'apprécie pas c'est compliqué sur le terrain. A Montauban, nous avons la chance d'être potes.

Gagner et marquer à Clermont, est-ce particulier pour vous l'ancien "jaunard" ?

M. R.- Avant le match, j'avais dis à mes coéquipiers que c'était mon dernier match au Michelin et que gagner à Clermont était mon baroud d'honneur. Je ne pensais pas marquer un essai. C'était vraiment important pour moi mais je suis resté concentré pendant quatre-vingt minutes. J'ai passé trois saisons merveilleuses à l'ASM et je pensais y finir ma carrière. Et puis, on m'a dit que j'étais trop vieux alors que dans le même temps Mario Ledesma, qui a le même âge que moi, signait un nouveau contrat. J'étais content pour Mario qui est un ami. Mais, il y avait autre chose que l'âge et personne n'a osé me le dire donc il y a forcément un sentiment de revanche dans ma tête. Je suis très heureux du cadeau que m'ont fait mes coéquipiers en gagnant à Michelin.

Où va s'arrêter le MTGXV ?

M. R.- Rien n'est jamais facile. Nous recevons Toulon et nous devons bien préparer ce match car nous ne savons pas jouer contre des équipes de notre niveau. Face aux grandes équipes, nous trouvons toujours des sources de motivation mais maintenant nous devons grandir sur des matchs comme celui de Toulon. Contre des équipes de notre championnat, nous devons apprendre à gagner et à gagner facilement.

Rugby - Top 14 - MTG - Raynaud: «Ce groupe est fort»
Source : www.lequipe.fr

En gagnant avec la manière à Clermont samedi dernier (30-25), Montauban a confirmé son retour au premier plan, après une première partie de championnat moyenne et beaucoup de tumulte en coulisses (problèmes de budget, démission des présidents, luttes de pouvoir...). Le MTG est en train de retrouver le niveau qui lui a permis de se qualifier pour la Coupe d'Europe, et la venue de Toulon vendredi doit le confirmer. Marc Raynaud, le capitaine des Tarn et garonnais, se félicite en tout cas de la réaction de son groupe, et avoue prendre beaucoup de plaisir au sein de cette équipe.

«Marc Raynaud, vous avez gagné à Clermont la semaine dernière, un club dans elqule vous avez passé de nombreuses années. On imagine qu'il y a certaines victoires qui marquent plus que d'autres ?
Pour moi personnellement c'était grandiose de gagner à Clermont. J'ai tellement de souvenirs dans ce club et dans cette région que c'est important de faire quelque chose là-bas. Pour l'équipe il était important de récupérer des points, et je suis très satisfait du match qu'on a fait.

Le MTG va beaucoup mieux depuis le match de Coupe d'Europe contre le Munster, l'équipe a franchi un palier. Avez-vous le sentiment que c'est le tournant de votre saison ?
Je crois qu'on a réglé nos problèmes : on arrivait pas franchir ce cap, on faisait des fautes qu'on ne faisait pas l'année dernière. On a bien travaillé, on est bien revenus et on a réussi à faire ce que les entraîneurs attendaient de nous. Depuis un mois on est particulièrement en forme, c'est vrai.

Avec quatre victoires et quatre défaites, le bilan reste mitigé. Comment jugez-vous votre début de saison ?
On ne raisonne pas trop comme ça. On a récupéré des points, c'est bien parce qu'on ne voulait pas descendre en dessous de la dixième place. Parce qu'avec les soucis qu'il y a au club, cela aurait pu partir en live, sportivement les joueurs auraient pu lâché. Mais on voit qu'il y a quand même de la force dans ce groupe pour être capable de rester compétitif malgré la tourmente.

Vous évoquez les problèmes administratifs, c'est vrai que le MTG n'a pas été épargné par les crises en coulisses. Comment le groupe a vécu ces troubles ?
Au début on n'a pas trop fait attention, parce qu'on ne savait pas trop ce qui se passait vraiment. On nous dit il manque tant d'argent, mais un jour il manque deux millions, un jour trois millions. Chacun a voulu le pouvoir dans le club, et c'est devenu lassant, parce que pendant deux mois il y avait des histoires tous les jours et on ne pouvait pas travailler sereinement. Les entraîneurs ont été là pour faire le tampon, heureusement, pour nous rassurer et nous laisser nous concentrer sur le terrain.

Finalement l'équipe ne s'est-elle pas servie de ces problèmes comme une force pour resserrer le groupe ?
Le groupe est fort, il a de la qualité. Mais franchement il aurait pu partir en live. Même si c'est notre métier et notre passion, à un moment certains auraient pu se poser des questions, se demander si on allait être payé. Mais on a réussi à faire abstraction de tout ça. On a travaillé dur pour leur montrer que si eux ne veulent pas s'entendre, nous on est toujours là, et il fallait qu'ils fassent des efforts pour sortir de tout ça. On n'a jamais rien lâché, et la force du groupe elle est là.

Personnellement vous êtes en pleine bourre depuis le début de saison, et pour votre dernière saison vous retrouvez un très haut niveau et vos jambes de 20 ans...
Mes jambes de 20 ans je ne sais pas (rires), mais c'est vrai que je me régale dans ce groupe. Je suis entouré de jeunes, et j'essaie de les aider, de leur apporter mon expérience, de faire attention à tout. Et je prends énormément de plaisir.

Au point de réfléchir à prolonger l'aventure ?
Je me dis que c'est ma dernière saison, mais on ne sait jamais. Si je n'ai pas de graves blessures, est-ce que ce sera vraiment ma dernière ? Continuer, ce n'est pas exclu. Mais pour l'instant je préfère vivre comme si c'était la dernière, et puis après on verra, on discutera avec les entraîneurs pour voir comment on peut faire.

Vous recevez une équipe de Toulon revancharde, qui risque de vous imposer un gros combat. Comment abordez-vous cette rencontre ?
On le prend avec sérieux. Quand il y a la crise dans un club comme à Toulon, où l'équipe lâche ou elle se remet dans le bain parce qu'il y a un déclic. Je crois qu'il faut faire très attention à Toulon et préparer ce match comme si la situation du RCT était normale. Nous on connaît ça les problèmes internes dans un club, donc on respecte beaucoup cette équipe.»
Propos recueillis par Aymeric MARCHAL