Mêlée écroulée ou relevée, quel est le but du fautif ?
Au minimum de gagner ou conserver la gonfle, au mieux de récupérer une pénalité ou de châtier son vis-à-vis.
Sur une mêlée les craintes des piliers sont les suivantes :
A droite se faire monter.
A gauche se faire écrouler.
Ayant évolué aux 2 postes, et souvent face à des paquets plus lourds, je peux vous faire part de mes observations.
A gauche, à une époque ou les liaisons n’étaient pas obligatoires, je préfèrerais après l’impact, garder le bras gauche libre en appui sur le genou extérieur en guise de « cale ». Cela rendait mon épaule gauche fuyante pour la liaison de l’adversaire.
Le pilier gauche qui jouit d’une certaine liberté par rapport à son adversaire, s’il dispose de bons secondes lattes, essayera de faire relever son adversaire. Avec une mêlée dominatrice, en poussant en ligne, sa tête située sous le torse de l’adversaire, exercera une poussée légèrement ascendante, juste ce qu’il faut pour ne pas être sanctionné. L’adversaire va alors se relever.
Ici, le fautif est le gaucher, cependant l’arbitre sanctionnera le droitier qui se sera visiblement relevé.
Si les secondes lignes adverses ne lâchent pas, le gaucher atteint alors la jouissance extrême quand il entend le crac de la côte de son adversaire située contre son oreille. A ce moment là, il peut se préparer à accueillir un nouveau vis-à-vis. Ici, les fautifs sont le pilier gauche de l’équipe A et le 5 de l’équipe B, pourtant, c’est le droitier de l’équipe B qui est doublement sanctionné.
Autre cas le gaucher s’efface, dans ce cas l’arbitre le sanctionnera logiquement. Il recevra également les chaleureux remerciements de ses coéquipiers jouant en 2, en 3 et en 5. En effet sous son action, il destructure sa mêlée laissant au côté droit subir la pression du pack adverse qui est resté structuré.
A droite, comme je viens de le dire, avant même de penser à avancer, le trois devra s’assurer de ne pas monter. Il doit dès l’entrée en mêlée trouver de bons appuis. Ce que l’on appelle le « travail » consiste à peser du haut de son corps sur les cervicales de son adversaire. Il pourra ensuite penser à pousser, quant bien même oublierait-il ce dernier point, son 5 le lui rappellera bien vite… Le bras droit du 3 participera à l’action de pesée sur l’adversaire en exerçant une traction descendante voire même en initiant une rotation du buste de celui-ci.
Depuis la règle de la liaison entre les piliers adverses, le 1 qui auparavant tentait d’échapper à la liaison, a appris à se servir du bras gauche pour contrer le « travail » du bras droit de son adversaire.
Ce «travail » du droitier, s’il est exagéré conduira à la pénalité. Ici la règle de la position du bassin et des épaules sera plus équitable. Généralement, celui qui subit est sanctionné. Le 3 qui forcera son « travail » sur le haut du corps ou le 1 qui n’arrivera pas à imposer le sien.
D’autres raisons peuvent être la cause d’un écroulement : mauvais appuis, manque de cohésion ou défaillance du troisième ligne aile.
Ce troisième ligne qui a également sa responsabilité sur les poussées en travers (volontaires ou non). En effet, son boulot en mêlée, et plus particulièrement à gauche est de rentrer le kul de son pilier pour lui permettre de pousser dans l’axe. Car s’il est vrai que le 3 est calé dans la mêlée, il est tout aussi vrai que le 1 ne l’est pas plus devant que derrière sans son troisième ligne. On notera d’ailleurs qu’en infériorité numérique, c’est toujours le poste de 8 qui est supprimé. Cela nuit certes au rendement de la mêlée, mais pas à sa cohésion.
Concernant la poussée du 3 sur le 2, j’ai du mal à expliquer comment le pilar peut aller chercher le talon sans être sanctionnable. Soit il a un cou de girafe, soit il pousse en travers. Dans ce cas, sa liaison avec son talon est loin d’être géniale tout comme celle de la seconde ligne. En effet si le 5 veut lui coller au kul, il devra s’éloigner du 4. Avec un paquet correct en face, la sanction risque d’être inversement proportionnelle à l’effet recherché.
En conclusion, avec un arbitre particulièrement attentif… et honnête, il est plus facile de désigner le coupable d’une mêlée écroulée que d’une qui se relève. Mais il est impossible de savoir si l’effondrement est volontaire, les deux seuls qui le savent, même s’ils ne se le disent pas sont les deux protagonistes.
Le poste de 1 est certainement le plus jouissif pour exprimer sa domination, mais le 3 est le plus exaltant en raison de la technicité qu’il requiert et de la résolution des problèmes posés par l’adversaire.
Au cours de ma carrière, j’ai parfois haï certains joueurs, mais jamais un de la première ligne.
Il est vrai que durant un match, je passais bien plus de temps au contact de mes adversaires directs qu’avec certains de mes coéquipiers.
Quelle que soit la couleur du maillot, alors que l’odeur du camphre n’est qu’un lointain souvenir, la confrérie des oreilles en chou fleur prend toujours plaisir à se retrouver pour refaire une version romancée des joutes d’antan.
Un grand merci a VASCO