Construire un état d'esprit"
Midi Olympique _ Vous avez commencé à préparer cette saison très tôt l'année dernière. Êtes-vous satisfait de votre recrutement ?
Laurent Travers _ Il est difficile de dire que nous sommes très contents. C'est le terrain qui nous le dira. Mais nous avions fait un audit des points que nous devions améliorer. Après, nous avons fait en fonction de notre porte-monnaie et des joueurs disponibles pour essayer de bâtir un groupe. Il y a deux championnats, celui du terrain et celui du porte-monnaie. Mais je ne veux pas que l'on croie que nous sommes des pleureuses en disant cela. Nous avons envie d'aller le plus haut possible. Nous sommes tous des compétiteurs. Quand on joue en Fédérale 1, on a envie de jouer en Pro 2 et quand on est en Pro D2, on veut évoluer en Top 14, en essayant de réaliser la plus grosse performance possible.
M. 0. - Est-ce que la préparation de cette saison avait déjà commencé pendant ta fin du championnat de pro D2?
L.T. _ Effectivement, nous avons profité du dernier mois de compétition qui ne changeait plus rien, pour essayer de mettre davantage de volume. Mais je crois surtout que nous n’avons pas vraiment coupé lors de cette intersaison. Les joueurs ont suivi un programme individuel pendant une grande partie de leurs vacances.
M.O_ En tant que promu, quels sont les secteurs que vous travaillez plus particulièrement pour rivaliser en Top 14?
L.T._ Il y a trois points essentiels pour caractériser le Top 14:1a vitesse, la technique et le physique. Sur ce dernier point, tout le staff technique est là pour apporter ce qu'il faut aux joueurs lors de la préparation. Après, il est certain que nous allons devoir nous habituer à un autre rythme et à un autre volume que celui du Pro D2 où le jeu est beaucoup plus basé sur le combat.
M. O. -justement, le combat va-t-il être un aspect essentiel du jeu de Montauban ?
L.T. _ La question n'est pas de savoir si nous devons faire beaucoup de combat. Ce qui nous intéresse, c'est de gagner des matchs. Alors si nous devons rester dans le petit périmètre, nous le ferons. Il y a une grande différence entre le Pro D2 et le Top 14, mais ce n'est pas pour cela que nous regarderons jouer les autres. Nous voulons porter les couleurs montalbanaises le plus haut possible. Nous n'avons pas envie d'être ridicules.
M.O._ Faut-il comprendre que vous n'avez pas de projet de jeu très défini pour l'instant ?
L. T. _ Je ne suis pas du genre à dire en début de saison que mon équipe va jouer comme cela ou comme ceci. Un projet de jeu ne tient pas compte des adversaires, de nos joueurs qui sont sur le terrain (et ceux qui sont blessés) et des conditions climatiques. je crois que notre jeu devra s'adapter en fonction de ces trois critères. Tout doit dépendre de la physionomie du match. Je ne vais pas vous dire que nous allons jouer debout ou bien alors que nous opterons toute la saison pour des passages au sol. Tout dépendra de l'adversaire. Après, il est certain que pour jouer, nous devons avoir des ballons. Alors, notre priorité est d'avoir une bonne conquête et en défense, il faudra être solidaires et avoir l'envie de ne pas prendre de points. Cela passe par une grande discipline. Tout ça demande un gros travail collectif. Il ne faut pas oublier que si vous faites tel ou tel lancement de jeu pour marquer quarante points, cela ne sert à rien si vous en prenez quarante et un. Bien sûr, nous allons essayer de construire, mais je le répète: le principal est de gagner... même d'un point.
M. 0. Vous avez conservé une grande partie de l'effectif de la saison passée. Les repères ne sont ils pas déjà là?
L. T. _ Même si nous avons conservé une grosse ossature, nous sommes obligés de casser beaucoup de repères ainsi que les annonces de nos lancements de jeu. Mais pour l'instant, nous cherchons à construire un état d'esprit. Nous voulons savoir ce que chaque individu peut amener au collectif, car nous savons que ce ne sont pas des individualités qui sauveront notre groupe.
M. O. _-Avec ce que vous avez dit jusqu'à. maintenant, vous ne devez pas être du genre à tout planifier sur un nombre incalculable de temps de jeu ?
L. T._ Nous travaillons essentiellement sur deux temps de jeu, voire trois maximum. Nous avons des joueurs étrangers et ils doivent tous pouvoir comprendre. Voilà ce qui m'intéresse. Je préfère que nous fassions des choses simples mais correctement, que de tenter des trucs compliqués et que l'équipe perde confiance. je retiendrai que des équipes ont été championnes de France en ayant un seul temps de jeu programmé et d'autres avec cinq. Il n'existe pas de vérité absolue.
(Hors de question pour Laurent Travers de planifier plus de trois temps de jeu. L’entraîneur montalbanais privilégie les choses simples et bien faites.)
M. O. _ La moitié du championnat sera atteinte dès le mois de décembre. N'avez-vous pas peur que tout aille très vite ?
L. T. _ je crois que beaucoup de choses peuvent déjà être jouées après le premier mois de compétition. Il sera donc primordial de gagner rapidement un match pour être en confiance. Un groupe est toujours très friable, car il dépend constamment des résultats. C'est pour cela, qu'à l'heure actuelle, notre objectif principal est notre premier match face à Narbonne et après nous verrons.
M. O. - Comment sentez-vous le groupe alors que cette échéance approche?
L. T. _ Tout le monde a peur... (il réfléchit) C'est plutôt de l'appréhension, car c'est une bonne peur qui ne nous empêche pas d'avancer. Nous avons envie d'y être. Après, nous savons très bien que l'on peut être adulés et virés trois mois après. Tous les gens nous promettent l'enfer. À nous de changer de chemin pour trouver le paradis.
Propos recueillis à Montauban par Nicolas AUGOT