RUGBY. APRÈS LA DÉFAITE DE SAMEDI SOIR, À SAPIAC, LES ENTRAÎNEURS DU MTG LIVRENT LEURS IMPRESSIONS.
«Du mal à trouver des sources de motivation»
Exprimez-vous... Que pensez-vous de la contre-performance du MTG XV face à Perpignan ?
Pas de soupe à la grimace, ni encore moins de marche funèbre dans les couloirs de Sapiac hier, au moment de l'entraînement de 14 heures. Mais de la musique… « entraînante » diffusée à régime élevé dans les vestiaires des joueurs et des entraîneurs qui ont volontiers ouvert leur porte pour répondre aux questions que l'on se pose après le net revers encaissé par le MTG XV samedi soir, à Sapiac.
-Avec le recul quels sentiments vous animent aujourd'hui après le K-O infligé par les Catalans ?
Laurent Travers : « J'ai pleinement conscience que nous sommes passés complètement à côté de nos vingt premières minutes. Nous étions totalement absents du débat et contre une équipe qui est positionnée dans les cinq premières du classement, ça ne pardonne pas. La suite en fut, hélas ! la preuve flagrante. »
Laurent Labit : « Une défaite est toujours regrettable, qui plus est à Sapiac. Pour se remettre dans le contexte, on joue contre une équipe qui figure régulièrement dans les quatre meilleures du Top 14, qui espère qu'une chose : participer aux prochaines demi-finales et peut-être mieux. On a vu la différence, samedi, entre une équipe qui tourne à plein régime et qui a de la motivation et un objectif bien précis pour cette fin de saison et une autre (nous) qui n'a pas su négocier au mieux ce match. Après, c'est très difficile d'en vouloir aux joueurs, à l'ensemble du groupe et à son encadrement. C'est vrai que la saison commence à être un peu longue pour nous. Contrairement aux Catalans, nous n'avons pas d'objectif en tête. Mais c'est un match, de par la prestation qui a été fournie par toute l'équipe, qui nous laisse un peu amers. »
- Le match nul obtenu à Biarritz a-t-il, inconsciemment, engendré un relâchement général ?
L.T. : « Non pas du tout. Bien sûr, c'est facile après coup d'en tirer ces conclusions-là. Je pense qu'à un certain moment, tout le monde avait envie de bien faire mais il arrive qu'il y ait des fois où l'on est absent dans certains domaines et là, samedi soir, ce fut le cas. Ça n'a pas pardonné car les Catalans ont une réussite maximale qui nous a fait beaucoup de mal. Leur efficacité a étouffé le MTG. »
L.L. : « Non, je ne crois pas. À Biarritz, on savait très bien ce qui nous attendait là-bas. Nous nous étions mis dans une configuration d'équipe et de jeu axés sur une priorité défensive. Nous voulions résister le plus longtemps possible à ce que le BO allait proposer, sans grandes idées en tête. On avait su parfaitement les contrer mais Biarritz nous avait aussi favorisé la tâche en ayant beaucoup de mal à se créer des occasions, à réussir offensivement et, à partir de là, à mettre les équipes adverses en grosses difficultés. C'est vrai que si nous avions été un peu plus ambitieux ce soir-là, on pouvait gagner ce match. C'est sûr que nous sommes partis de Biarritz très satisfaits d'avoir pris 2 points mais je ne pense pas que ce résultat ait influé sur la prestation livrée face à Perpignan. »
-Comment expliquez-vous cette baisse de tension collective ?
L.T. : « Il ne faut pas perdre de vue que l'on est tombé sur une bonne équipe perpignanaise. C'est facile maintenant, parce que nous avons perdu un match, de tout remettre en cause d'un seul coup. Ce qu'il ne faut surtout pas oublier, c'est que tout un groupe de joueurs a fait ce qu'il fallait pour aller chercher des points précieux avec les victoires obtenues notamment à Perpignan ou à Bayonne, sans oublier tous les bonus défensifs glanés à l'extérieur. Et maintenant, parcequ'il y aurait une défaite, on remettrait tout en cause ? Pas du tout, nous savons le chemin que nous avons à parcourir. Quand on voit celui qui a été fait, je pense qu'il y en a beaucoup qui voudraient bien être à notre place. »
L.L. : « Elle a été conditionnée en très grande partie par cette mauvaise entame de match. Nous avions prévenu les joueurs qu'ils devaient justement effectuer une grosse entame de match, ce qui n'était guère le cas depuis plusieurs rencontres, notamment à Sapiac où nous avions pris l'habitude d'être menés rapidement. Ce fut le cas contre Albi, contre Agen, on avait dit aux joueurs d'être très attentifs sur ce point-là. c'est exactement l'inverse qui s'est produit. On a pris 17 points en quinze minutes, c'est sûr que là ça devient très difficile de refaire surface surtout contre une équipe dont on connaissait les dispositions et les motivations.
- La composition de l'équipe, avec l'absence de plusieurs joueurs clés, n'était pas un peu osée ?
L.T. : « Et quand on a gagné à Perpignan, est-ce que la composition d'équipe était bonne ? »
L.L. : « Non pas du tout. Nous, on l'a toujours dit. Nous avons un groupe de 35 joueurs et on estime qu'il n'y a pas de joueurs clés. Nous avons perdu des matchs à Sapiac, contre Bayonne et Albi notamment, avec ces joueurs clés sur le terrain. Si les joueurs veulent évoluer à ce niveau-là, on l'a dit en début de saison, il faut qu'ils nous prouvent sur le terrain ce qu'ils valent vraiment. Nous avons trois matchs à enchaîner très difficiles contre Biarritz, Perpignan et Paris, on savait que l'on utiliserait un grand nombre de joueurs. Pour nous, c'est quelque part un révélateur en sachant qu'il y aura d'autres matchs derrière. Il n'y a pas eu de risques pris sur la composition d'équipe. Nous avions gagné à Perpignan avec une équipe qui avait été largement modifiée (12 changements au total) par rapport à sa précédente sortie. Si on avait gardé la même équipe que celle qui s'était déplacée à Biarritz, je ne suis pas sûr, non plus, que l'on batte Perpignan. »
- Le mot « d'impasse » a souvent été avancé par pas mal de monde dans les travées de Sapiac, votre analyse ?
L.T. : « Mon analyse : c'est que ces gens qui ont eu cette pensée viennent s'entraîner avec nous toute la semaine. »
L.L. : « Non, pas du tout. On l'a dit et on le répète, jusqu'à la fin de la saison, on ne fera pas la moindre impasse comme ce fut le cas depuis le début du Top 14. On considère que tous les joueurs sont au même niveau. Nous avons des entretiens avec eux chaque semaine. Certains joueurs se plaignent ou se plaignaient de ne pas jouer assez. On savait très bien qu'on les intégrerait, ça a été le cas. Maintenant, on sait quoi dire à chacun et quand ils viendront et nous poseront des questions, on montrera simplement les prestations qui ont été livrées. »
- L'incertitude qui pèse sur les coupes d'Europe a-t-elle joué un rôle latent dans ce résultat ?
L.T. : « Pas du tout, il ne faut pas se fixer sur ça. Ce qui a fait notre force auparavant, tout au long du parcours, c'est que tout le monde a pu être concerné, c'est-à-dire les 35 joueurs et parce que, maintenant, il y a une contre-performance, on remet ces joueurs en cause. Il ne faut pas oublier que lorsque ces joueurs-là nous ont permis de prendre des points à Bayonne, Albi ou Agen, personne ne s'est posé la question sur la composition de l'équipe, tout le monde applaudissait. Maintenant, parcequ'il y a une défaillance, on s'aperçoit que, de suite, cette composition est remise en question. Pour moi, cela est hors de question et ce n'est pas ça qui déstabilisera tout notre groupe. »
L.L. : « Oui bien entendu même si, pour nous, le principal objectif, il faut rester les pieds sur terre, ne se situait pas au niveau de la Coupe d'Europe. C'est vrai qu'avant ce match contre Perpignan nous nous retrouvions en sixième position. Il n'y a plus d'enjeu précis. Pour le MTG, finir dans les six premiers permettrait d'avoir une enveloppe financière intéressante. Mais ne pas avoir d'objectif précis en tête, au bout d'un moment, ça devient long. Trouver toujours des sources de motivation pour les joueurs dans ce cas-là, ce n'est pas évident. Après 22 matchs de championnat cette situation ne nous favorise pas. Mais on se battra jusqu'au bout. »
(Recueilli par Jean-Philippe Laulan).